Face au pessimisme ambiant, beaucoup renoncent à l'espérance de voir une amélioration de nos sociétés, plus encore de pouvoir y contribuer. Pourtant, chaque transformation personnelle crée un effet papillon qui influence le monde entier. Gandhi l'avait compris : "Sois le changement que tu veux voir dans le monde". Découvrez comment votre éveil personnel peut transformer l'humanité.

Vous l'avez sûrement remarqué autour de vous : nombreuses sont les personnes qui soulignent que nos sociétés régressent vers moins de justice et de liberté, plus de violence et de pauvreté. Face à un avenir qui leur paraît sombre, elles se replient sur la recherche d'un bien-être personnel, au mieux familial ou communautaire. Elles ne voient aucune possibilité de participer à un changement positif plus ambitieux.
Ce pessimisme se répand comme une épidémie, avec ses symptômes : l'augmentation des égoïsmes, des colères larvées et des tensions sociales. D'ailleurs, nos sociétés modernes connaissent un recours grandissant aux anxiolytiques et antidépresseurs de tous types, tandis que les appels à l'aide des organisations caritatives se multiplient, incapables de faire face à l'appauvrissement croissant des populations.
Mais, si nous adoptons un autre angle de vue, nous verrons que nous avons pourtant chaque jour la possibilité d'améliorer le monde, en influant dans des proportions significatives sur la direction qu'il prend. Notre impact pourrait même être décisif, si nous commencions collectivement à développer en nous, grâce à notre changement personnel, les conditions permettant une autre société.
Quand le bonheur personnel ne suffit plus
Certes, nous pouvons modifier par un travail sur nous-mêmes notre manière de percevoir et d'accueillir notre existence. En apprenant à accepter totalement notre condition humaine, liée à la dualité et à l'impermanence, nous pouvons trouver le bonheur dans l'émerveillement devant les choses essentielles.
Cependant, nous ne pouvons éluder que notre existence quotidienne se déploie dans une société confrontée à de nombreuses crises qui génèrent beaucoup d'inquiétudes et d'antagonismes. Les conditions de vie et d'équilibre psychique d'un nombre grandissant de personnes se dégradent et la plupart ne voient plus dans la politique, la religion ou la justice, les moyens d'obtenir des améliorations significatives.
Nos efforts pour construire notre bonheur personnel ou familial, efforts légitimes s’ils ne conduisent pas à l'indifférence aux autres, ne créeront pas une société qui assure un avenir viable à nos descendants. Ils ne suffiront pas non plus à faire reculer l'explosion des colères et des vengeances de ceux qui seront laissés dans l’indigence.
Une question essentielle se pose alors : comment nos avancées personnelles vers le bonheur peuvent-elles être reproductibles collectivement ? Aucune des solutions qui mènent vers un bonheur égoïste et replié sur soi ne sont diffusables socialement, puisqu'elles restent indifférentes à la condition du plus grand nombre.
Gandhi avait raison : "Sois le changement que tu veux voir dans le monde"
Souvenez-vous de cette célèbre citation de Gandhi : "Sois le changement que tu veux voir dans le monde". Si nous réfléchissons en profondeur à ses implications, nous commençons peut-être à apercevoir un nouvel horizon, une autre stratégie que le repli sur soi ou le seul recours à des manifestations de protestation contre des décisions politiques qui nous heurtent.
Si nous voulons que notre monde évolue vers plus d'harmonie et de justice, plus de partages et de sens du collectif, nous devons d’abord examiner si nous incarnons les améliorations que nous souhaiterions constater dans la société. Il nous faut ensuite réfléchir à la manière par laquelle nous pourrons les diffuser.
Gandhi nous ramène à notre responsabilité individuelle et invite chacun d'entre nous à être l'initiateur et le porteur du changement. Évidemment, la majorité des êtres humains préféreraient vivre dans des conditions harmonieuses et paisibles. Ils en cherchent cependant le plus souvent les initiateurs hors de leur milieu, et en tout cas ailleurs qu'en eux-mêmes.
Avons-nous suffisamment interrogé nos propres jalousies, nos colères, nos égoïsmes, nos rancœurs ? Avons-nous conscience que chacune de nos pensées, de nos paroles et de nos actions affectent la totalité du monde autour de nous ?
L'effet papillon de nos actions quotidiennes
Nous sommes tous interreliés comme une grande entité vivante, telles ces nuées d'étourneaux qui se déplacent en masse compacte, mais dont la direction globale du vol varie à la moindre bifurcation impulsée par quelques-uns. Cette interconnexion profonde signifie que chaque geste, chaque attitude, chaque pensée compte vraiment.
De proche en proche, au travail comme dans votre vie quotidienne, si vous présentez un visage ouvert et souriant, si vous adoptez un comportement calme et bienveillant, vous autorisez le partage de moments d'humanité de cœur à cœur. Ces petits événements produisent de la paix et du bien-être et ce résultat positif peut ensuite donner à d'autres individus envie d'emprunter cette voie plutôt que celle de la médisance ou de l'indifférence.
Imaginez : si vous considérez chaque personne comme votre proche, et non comme un étranger, si vous lui offrez la possibilité, par votre accueil aimant, de manifester le meilleur d'elle-même, vous créez un cercle vertueux. Ainsi, voilà déjà que naît la possibilité d'améliorer le monde, en changeant l'ambiance générale, en apportant de l'harmonie, de l'espérance et de la joie.
Nos sociétés ne sont que le reflet de ce que nous sommes
Effectivement, nos sociétés, leurs échecs, leurs travers et leurs dangers, ne sont rien d'autre que le résultat de ce que nous sommes tous collectivement. Il y a bien évidemment les réalités politiques et économiques, les multiples crises qui s'accélèrent, mais ne sont-elles pas les conséquences des mauvais choix que nous avons collectivement tolérés ou laissés faire, de génération en génération ?
Ces dysfonctionnements résultent-ils d'autre chose que de notre absence de conscience de nos liens d'humanité, et de notre abandon progressif, au cours des âges, de notre participation effective au devenir collectif ? Nous nous sommes repliés sur nos besoins individuels, laissant la gestion de l’avenir commun à ceux qui prétendent agir dans l'intérêt du peuple, quand en réalité, ils servent le plus souvent d'autres intérêts.
Je cite souvent à cet égard ce livre de La Boétie, son Discours de la servitude volontaire, publié en 1576, où il nous dit : "Le tyran seul, il n'est pas besoin de le combattre, ni de l'abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude".
Il en est de même pour les mauvais aspects de la vie sociale : commençons par ne rien donner aux tensions, aux haines, aux vengeances, aux égoïsmes, à tout ce qui nourrit ce dont nous souffrons tous. Ayons toujours à l'esprit que les effets de notre qualité d'être personnelle, s'ajoutant à celles de tous les autres, déterminent en réalité l'évolution de nos sociétés.
L'histoire des deux loups
Connaissez-vous cette histoire amérindienne ? Un vieil indien raconte à son petit-fils qu'il est habité par une lutte intérieure entre deux loups. L'un est rempli d'envie, de colère, d'avarice, d'arrogance, de ressentiment, de mensonge, de supériorité, de fausse fierté. L'autre est bon, paisible, heureux, serein, humble, généreux, vrai, rempli de compassion.
Il lui explique que cette lutte se produit également en lui, petit enfant, comme en chaque personne. L'enfant réfléchit alors un instant, puis demande à son grand-père lequel des deux loups va gagner la lutte. Le vieux sage lui répond cette évidence : "Simplement celui que tu nourris".
Si tant d'êtres humains renoncent à leurs rêves d'enfants ou d'adolescents, de voir un jour la violence, l'injustice, la méchanceté, la pauvreté reculer, n’est-ce pas parce qu'ils ont relâché leur attention sur ces deux loups à l'intérieur d'eux-mêmes ?
Comment espérer que le monde puisse devenir meilleur, et qu'il soit possible d'y contribuer, si nous nous laissons uniquement absorber par la lutte extérieure pour la vie matérielle ? Comment y croire quand nous faiblissons à réduire en nous ce dont nous ne sommes pas fiers, dans le secret de notre cœur ?
Pourquoi attendre un sauveur ne fonctionne pas
Quand nous abandonnons cette responsabilité personnelle, il nous reste alors à renvoyer à d'autres la responsabilité du changement. Ainsi, nous acceptons d'espérer à chaque élection l'émergence d'un homme providentiel qui fera le travail, ou de croire à l'arrivée prochaine d'un messie qui aura la toute-puissance de faire descendre le ciel sur la terre !
Cela ne fonctionne pas et ne fonctionnera jamais !
Tant que nous serons à l’intérieur de nous-mêmes porteurs de la possibilité de l'injustice ou de la guerre, il y aura l'injustice et la guerre dehors ! Le meilleur élu, le plus vertueux, même avec les lois les plus subtiles, ne pourra pas priver l'homme cupide et égoïste de razzier tout ce qu'il peut autour de lui. Aucune loi ne pourra empêcher l'homme dominé par la haine de se venger.
Tant que nous serons enclins à considérer que le changement ne passe pas par nous et qu'il faut attendre un hypothétique grand soir, tant que nous n'assumerons pas l'exigeante lucidité de sortir du rêve et des illusions pour commencer à créer d'abord en nous-mêmes le monde harmonieux et bon que nous souhaitons voir dehors, les générations passeront sans voir reculer les souffrances de l'humanité.
Sortir des modèles pyramidaux
Dès l'adolescence, si nous nous interrogeons sur les dysfonctionnements de la société, les réponses proposées nous enseignent que seule l'adhésion du plus grand nombre à une idéologie politique ou à une doctrine religieuse peut apporter la solution. Cet objectif passe toujours par l'obéissance du peuple à une élite, suffisamment favorisée d'habileté ou de sagesse pour prendre les décisions qui s'imposent.
Nous sommes comme enfermés dans un contexte mental qui n'envisage plus d'autres possibilités que ces systèmes pyramidaux. Nous imaginons rarement que d'autres manières d'organiser le vivre ensemble puissent être possibles, moins encore celle qui nous rendrait tous libres de construire nos règles communes, au plus près de notre réalité quotidienne, dans une concertation bienveillante et féconde.
Nous fonctionnons, à un niveau plus restreint, d'une manière identique à ces modèles qui structurent nos sociétés. Nous nous regroupons autour d'intérêts communs et de préjugés partagés, nous rangeant volontiers derrière des leaders charismatiques, prêts à choisir notre camp et à manifester nos oppositions face aux autres, plutôt qu'à rechercher avec eux des complémentarités.
Écoutons quelques débats politiques ou suivons quelques réseaux sociaux et nous constatons bien vite que les antagonismes, voire la médisance ou l'insulte, y font plus fortune que l'intelligence, l'échange paisible et la recherche de conciliation. Chacun semble y chercher son ennemi, face auquel il pourra s'assurer qu'il existe, en lui disant ses quatre vérités.
Pour sortir de ce cercle vicieux et commencer à penser qu'une autre voie est possible, il faut avoir senti en soi la prégnance des limites que cette culture ancestrale impose à nos esprits. Il est vraiment nécessaire de renouer avec le goût de l'invention et de la liberté !
Retrouver sa souveraineté personnelle
Il s'agit finalement de se donner la possibilité d'être plus vivant ! de découvrir qu'au-delà de nos routines et de nos habitudes, de nos appétits et de nos distractions, nous avons le choix d'évoluer et de nous transformer. Nous ne sommes figés ni dans une identité définitive, ni dans nos modes de pensée, ni dans nos inquiétudes.
Nous pouvons choisir d'investir en nous un espace plus intime, une intériorité féconde, où nous pourrons reprendre contact avec notre essentiel. C'est comme si nous redonnions la parole à cet enfant en nous, qui est dépositaire d'autres talents, d'autres désirs, d'autres émerveillements.
Si vous cessez de consacrer tous vos moments de disponibilité à la télévision, aux réseaux sociaux ou aux distractions diverses, vous pourrez découvrir combien vous êtes entravé par une multitude d'idées reçues. Ces préjugés impensés, ces automatismes émotionnels, ces routines inconscientes que vous croyez être vous-même, sont en fait des croyances et des limites qui résultent de l'héritage familial et de la culture de votre époque.
Alors, vous ressentirez le désir de vous libérer de ces contraintes et d'oser vous penser et penser le monde différemment. Vous commencerez à rechercher d'autres réponses, d'autres éclairages, et à sentir qu'il y a derrière ce voile épais, cette intrication complexe de conceptions qui saturent nos cerveaux, des réalités beaucoup plus simples que nous avons oubliées.
À certains moments privilégiés, surtout quand vous vous trouvez dans un magnifique coin de nature et que vous acceptez de faire silence, vous sentez bien que vous êtes capable d'un autre lien avec le réel. Vous pressentez que vous faites partie d'un grand tout, d'une immense respiration vivante.
L'éveil spirituel comme force de transformation
Vous pouvez aussi ressentir cela quand vous pratiquez la méditation ou lorsque vous vous confrontez à certains grands textes de l'humanité : l'évidence qu'une autre vie est possible, qui vous parle d'infini, de beauté, d'amour et d'émerveillement. Vous constatez alors combien il y a en vous d'obstacles, qui vous empêchent d'accéder à cette vie plus grande et plus libre.
Ces obstacles, il est possible de progressivement les réduire pour libérer de l'espace, pour que s'éveille en nous autre chose, que notre essence la plus intime puisse reprendre sa croissance et accueillir ce renouveau.
Celui qui expérimente cette transformation profonde, cette mutation spirituelle, participe déjà d'une renaissance du monde. Il devient un passage par lequel les forces vivantes peuvent à nouveau irriguer la terre et s'offrir en cadeau à tous les êtres.
Chaque petite victoire que vous obtenez en libérant le meilleur de vous-même profite à toute l'humanité. Vos efforts pour vous éveiller, et échapper à l'attraction de tout ce qui vous tire vers le négatif, se lient aux efforts de tous ces inconnus qui avancent pas à pas vers la lumière. Ils vous renforcent tous.
Tous les humains sont liés comme une grande entité vivante, dans laquelle chaque respiration, chaque pensée, chaque parole, chaque action, comptent pour tous.
Construire le nouveau monde
Celui qui est en marche vers l'éveil spirituel, qui a suffisamment développé sa présence à lui-même et sa connaissance lucide de soi pour commencer à se changer, mesure la distance immense qui sépare nos sociétés, traversées par les convulsions d'une civilisation malade, de la nouvelle vie qui le traverse et le nourrit.
Il sent en lui grandir une proximité avec tous les êtres, une parenté de destin qui le lie à tous, et lui fait percevoir chaque manquement à la sublimité de la nature humaine comme une blessure vive pratiquée dans le corps même du réel. Cette sublimité devient pour lui une évidence qui l'oblige. Il s'indigne de la vulgarité et de la brutalité que les humains peuvent s'infliger les uns aux autres, de voir si fréquemment le mystère bouleversant des visages se heurter à la terrible sécheresse des cœurs.
Comment s'étonner que le recours aux lois et aux contraintes paraisse nécessaire pour endiguer les débordements de nos immenses appétits et de nos plus mauvaises pulsions ? Comment oublier que ces garde-fous illusoires, qui n'ont jamais rendu meilleure l'humanité, amènent dans leur sillage le risque permanent de devenir les instruments des dominations.
Ainsi, pour tenter d'endiguer le pire de notre humanité, nous réduisons la fluidité du vivant, sa diversité et son dynamisme, cet élan vital qui habite chaque être qui vient au monde, à se limiter à emprunter l'étroit chenal qui est tracé par les autorités de tous ordres, censées nous protéger de nous-mêmes ! Ainsi, nous sommes le plus souvent incapables d'imaginer l'immense perte que cela représente, l'atrophie de nos vies que cela provoque, tant nous sommes enfermés dans un contexte mental qui pense impossible toute autre alternative.
C'est ce désastre, cet étranglement de la vie, que provoquent tous ces systèmes de contraintes, que commence à deviner celui qui se libère graduellement de cet état de conscience fermé. Il perçoit alors comme une évidence que chacun de ses progrès personnels vers le bien contribue à réduire les maux dont souffre le monde, en relançant la puissance de la vie et en ouvrant les portes de l'avenir.
La seule voie qui permettra de libérer la vie de ces entraves sera de remplacer toutes ces autorités par la seule autorité intérieure de l'amour. Cet amour ne peut naître en nous, dans notre état actuel, que si nous comprenons que chaque atteinte à l'intégrité et au bonheur de l'autre met en danger notre propre intégrité et notre bonheur.
Reste qu'il est urgent de faire communauté avec tous ceux qui partagent le pressentiment ou la certitude que cette autre voie est possible. Il faudra tôt ou tard en fournir la preuve, en réalisant concrètement une ébauche de société fondée sur l'amour et la liberté. Ainsi d'autres personnes, toujours plus nombreuses, y constatant la fin des antagonismes et une réelle mise en œuvre de la complémentarité des talents humains, oseront s'engager à leur tour dans cette construction du Nouveau Monde.
Le changement commence par vous. Il commence maintenant.
© Jérôme Nathanaël
J'écris pour ouvrir le dialogue avec vous et réfléchir ensemble au sens de notre présence au monde. Comment instaurer enfin le règne de la justice et de l'amour ? Comment faire naître, dans notre époque troublée, l'espérance d'un nouveau monde ?
Cette vision n'est pas utopique. Un monde dans lequel les humains habitent leur maison commune dans la paix et la joie est à notre portée. Les grandes sagesses l'affirment depuis des millénaires, et notre expérience collective nous enseigne ce qui ne fonctionne pas.
À nous de le construire aujourd'hui, tous ensemble !
Si cette vision vous inspire, si vous partagez cette dynamique, n’hésitez pas à me contacter directement par email. J'aurais le plaisir de poursuivre cet échange avec vous.
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Ambitieux programme !
Pour ma part, je vais m'attacher à nourrir le "bon" loup. (pas toujours si facile...)